Pourquoi la méthanisation n’est pas plus développée en France ?

Unité de méthanisation

Les membres de Bretagne Eco-entreprises lancent un groupe de travail dédié à la méthanisation. L’occasion de faire le point sur les enjeux de cette filière.

Des atouts environnementaux et économiques indéniables…

La méthanisation est une technologie basée sur la dégradation de la matière organique par des micro-organismes. Elle se déroule en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène (milieu anaérobie), contrairement au compostage. Cette dégradation produit à la fois de l’énergie renouvelable (Biogaz) et le digestat pouvant servir de fertilisant des sols et des cultures.

Les atouts de la méthanisation sont les suivants :

  • Production d’énergie renouvelable locale,
  • Valorisation des biodéchets et des matières organiques,
  • Production de fertilisant agricole, alternative intéressante aux engrais chimiques,
  • Réduction des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) : meilleure gestion des effluents d’élevage, traitement local des déchets donc réduction des transports, substitution d’énergie fossile, diminution de la fertilisation chimique…
  • Génération d’activité économique locale,
  • Pérennisation des activités agricoles, et participation au développement rural (diversification, réduction des charges énergétiques, valorisation d’équipements existants…)

…mais des défis à relever pour le développement de la filière

Le marché européen de la méthanisation est actuellement concentré autour de la Suède et de l’Allemagne. En France, le potentiel de cette solution est encore largement sous-exploité. Ainsi, les acteurs de la filière et l’Ademe (au travers de sa Feuille de route stratégique « Méthanisation ») dressent les constats suivants :

  • Les coûts de construction d’unité de méthanisation sont 1,6 à 2,3 fois plus élevés en France qu’en Allemagne. Cela s’explique par la maturité moindre de la filière sur le territoire français (Source : BiogazVallée).
  • Le processus administratif et les dossiers de demande de financements sont à simplifier. En effet, le nombre important et la fragmentation des acteurs décisionnels engendrent de réelles difficultés à monter un projet dans un délai raisonnable.
  • La sensibilisation est à développer car la méthanisation, mal connue du grand public, souffre d’un déficit d’image. Communication et pédagogie sont donc à mettre en œuvre pour favorise l’acceptabilité des projets.
  • Sur le plan technique, plusieurs sujets d’études sont en cours ou à développer : évaluation des potentiels méthanogènes, préparation de la matière, ajustement des procédés en fonction des substrats, optimisation des dimensionnements, efficacité énergétique des équipements, performances de l’épuration du biogaz, valorisation du digestat, etc.

En outre, il est à noter que la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) a fixé un objectif de fourniture de 7% de la consommation de gaz en France pour la méthanisation. Cependant, celle-ci prévoit une diminution de plus d’un tiers du tarif d’achat du biométhane à l’horizon 2023. Le prix d’achat passerait ainsi de 100€/MWh PCS aujourd’hui à 67 € du MWh PCS d’ici 2023. Cette mesure s’ajoute ainsi aux défis à relever pour un développement dynamique de la filière.

Un nouveau GT pour B2E

Les membres de B2E travaillent donc actuellement sur le sujet. La première réunion du Groupe de travail Méthanisation a eu lieu le 28 mai. Celui-ci a notamment pour projet de proposer des actions au niveau local et national, en partenariat avec Biogaz Vallée. Affaire à suivre…

Pour en savoir plus : Hayet Djelal – Unilasalle-EME –  Groupe de travail Méthanisation :  metha@b2e.bzh

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