La première phase des Assises de l’eau s’est achevée sur la présentation de 3 grandes priorités et de 17 mesures pour relancer l’investissement dans les réseaux d’eau et d’assainissement. Pour rappel, selon un diagnostic élaboré dans le cadre des Assises de l’eau, un litre sur cinq se perd dans les réseaux d’eau à cause de fuites. Voir notre article Le renouvellement des réseaux d’eau pour éviter la fuite
Les membres du groupe de travail « Eau » de Bretagne Eco-entreprises ont décryptés ces mesures. Voici quelques explications.
1. Lutter contre les fuites d’eau dans les territoires ruraux
Le gouvernement prévoit l’accompagnement financier des collectivités. Cette mobilisation pourrait prendre la forme de prêts à longue durée, jusqu’à 60 ans, à des taux attractifs, qui pourront représenter 2 Mds€ sur 5 ans.
Mesure 2 : Amélioration des conditions d’emprunt des collectivités en créant de nouvelles offres spécifiques aux besoins du secteur de l’eau.
- L’analyse du GT Eau :Attention à ne pas décorréler la durée des emprunts de la durée de vie des ouvrages. Le délai d’amortissement des emprunts habituellement ne doit pas être plus long que la durée de vie des ouvrages ainsi financés.
Mesure 5 : Priorisation des investissements relatifs à la gestion des eaux pluviales dès lors qu’un enjeu de pollution pour le milieu a été identifié.
- L’analyse du GT Eau : L’impact environnemental de la gestion des eaux pluviales peut-être important (Pollution chimique, drainage de déchets solides, eaux usées en provenance des déversoirs d’orage, etc…). Il convient donc d’anticiper quels types de pollution seront ciblés afin de mettre en place des projets exemplaires. Et ainsi, passer de mesures correctrices à des mesures de prévention.
Mesure 6 : Prévision de 50 millions d’euros sur la période 2019-2024 pour aider les collectivités à disposer d’une meilleure connaissance de leur patrimoine d’eau et d’assainissement.
- L’analyse du GT Eau : Il serait intéressant de préciser les actions financées par ce dispositif. Le budget prévisionnel parait assez faible, au vu du nombre de collectivités à accompagner. Les petites collectivités sont souvent celles ayant une mauvaise connaissance de leur réseau. Le financement de la réalisation d’études serait un plus pour ces acteurs.
2. Améliorer la qualité de services pour les français
42 % des élus font le constat d’un déficit de connaissance des réseaux d’eau et d’assainissement. Le gouvernement a donc annoncé un soutien et un accompagnement sous forme d’assistance à maîtrise d’ouvrage.
Mesure 11 : Obligation pour les communes et intercommunalités d’élaborer un schéma directeur pour l’eau potable et l’assainissement.
- L’analyse du GT Eau : L’élaboration d’un schéma directeur sera très utile pour structurer l’action des collectivités territoriales. Reste à savoir comment celui-ci sera financé, notamment pour les petites structures.
Mesure 14 : mise en place d’une assistance opérationnelle aux collectivités
- L’analyse du GT Eau : Il convient de clarifier les actions qui seront réalisées lors de cette assistance. Les missions des acteurs pré-identifiés par l’Etat (Irstea, Cerema, agence de l’eau…) devront également être précisées.
Enfin la mesure 15 présente le développement d’une politique nouvelle d’innovation. Le GT Eau de B2E se félicite de cette nouvelle.
3. Renforcer la confiance et la solidarité
20 % des français déclarent ne pas faire confiance à l’eau du robinet et 47 % boivent de l’eau en bouteille quasiment tous les jours. Le gouvernement a donc demandé au Comité Stratégie Filière Eau (CSF Eau) de travailler sur le goût de l’eau et la transparence de l’information.
L’Etat espère ainsi diviser par deux la durée du cycle actuel de renouvellements des réseaux et mieux utiliser cette ressource stratégique. Suite à cette première phase, se tiendra le deuxième volet des Assises de l’eau sur la thématique : Changement climatique et ressource en eau.
En conclusion, des mesures détaillées, chiffrées, mais qui nécessitent encore des précisions quant à leurs contours réels et à leurs mises en œuvre.